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Édito

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À l’ère de la Post-vérité, les documenteurs sont-ils rois ?

À l’ère de la Post-vérité, les documenteurs sont-ils rois ? Nous vivons une turbulente période où hoax en série et populistes d’extrême droite parviennent à remettre en cause les principes démocratiques, font tanguer la science la plus dure et inventent chaque jour des « faits alternatifs ». Nous serions alors les premiers à être montrés du doigt, nous les embrouilleurs, les propagateurs de bobards professionnels. Cependant, loin de hurler avec la horde des loups complotistes, nous ferions plutôt partie de la solution. Car nous avons justement choisi de mettre en lumière leurs méthodes, de les décortiquer, de les mettre à nu. Peter Watkins l’avait compris : fabriquer des faux documentaires est la meilleure méthode pour dénoncer la part de subjectivité et d’idéologie dans une oeuvre documentaire.

Début 2017 cependant, de Popstar never stop stopping à Mascots, le genre fait la part belle à ce qu’on nomme le Mockumentary, comédie qui prend une forme documentaire mais s’a ranchit de l’approche réaliste. Un sous-genre que, personnellement, j’adore, pour sa puissance satyrique, son humour bien souvent corrosif, et son implaccable critique de la société et des médias. Malheureusement, tout le monde n’est pas Christopher Guest ou Ricky Gervais, et le plagiat, le manque d’audace ont transformé les mockumentaires, au même titre que les found footages, en une voie de facilité.

Il est une question qui me revient régulièrement quand je discute avec des confrères directeurs d’autres festivals : « Mais ce genre de films, vous en recevez assez ? ».

Aussi étrange que cela puisse paraître : Oui et trois fois oui. Chaque édition nous recueillons en moyenne 200 documenteurs. Comment se l’expliquer ? Tout d’abord il faut rappeler que On Vous Ment est un festival international. Ainsi nous recevons les productions et auto-productions du genre à travers tous les continents sans exception (bien que la majorité de la production soit Européenne et Américaine).
Avec cette base de 200 films nous avons très largement de quoi constituer une programmation aux petits oignons. De plus nous n’acceptons pas que les Faux documentaires, nous sommes ouverts aux Found footages qui sont pour moi clairement un sous-genre du Faux documentaire. Pour terminer je rajouterai qu’étant un jeune festival, nous ne recevons pas tous les faux documentaires possible.

N’oubliez pas que le documenteur n’est pas un genre récent, un délire du 21e siècle car les premiers documenteurs sont apparus dans les années 60 avec Culloden (1964) de Peter Watkins, David Holzman's Diary (1967, Jim McBride) et L’évaporation de l’homme (1967, Shōhei Imamura) et depuis les années 70/80 il y a une production régulière et mondiale - bien que discrète - de faux documentaires en tout genre. Un véritable terrain d’exploration et de jeu entre le documentaire et la fiction.

Vous avez encore des doutes ? Allez jeter un oeil sur Netflix : Creep 2, Mascots, David Brent: Life on the Road, Undecided et American Vandal... Cette année, le documenteur est à l'honneur sur la célèbre plateforme. Gageons que c'est la marque que le genre est plus que jamais populaire.


Nicolas Landais Président du festival
2018

Le Mot Documenteur a été inventé
par Agnès Varda en 1982 
pour son film éponyme. 



Agnès Varda, la plus grande réalisatrice Française n’est plus.
Le monde du cinéma lui doit énormément de choses et notre festival n’échappe pas à la règle :

Le Mot Documenteur a été inventé par Agnès Varda en 1982 pour son film éponyme.

Il est cocasse de constater que Documenteur n’est pas un faux documentaire mais une fiction.
En France, ce mot sera pourtant définitivement adopté pour désigner les Faux documentaires.
À l’instar de Chris Marker, Agnès Varda a énormément, questionné et expérimenté le rapport entre fiction et documentaire.

Pour cette quatrième édition il me semble primordial de rappeler que cette réflexion est le fondement même de On Vous Ment!. Nous ne sommes pas seulement centrés sur des fictions déguisées en documentaire : notre souhait est de promouvoir tout un spectre d’oeuvres brouillant la frontière fiction/docu. Les sélections en compétitions de Houston we Have a Problem (2016), Spit ’N Split (au départ film de tournée qui se teinte de fiction, 2017) et cette année le grandiose In Praise of Nothing narré par Iggy Pop, véritable hybride entre documentaire et documenteur, prouvent notre volonté de bousculer, à notre façon, cette frontière.

Pour tout ce que vous nous avez apporté Mme Varda,

Merci.

Nicolas Landais Président du festival
2019